
Pourquoi certaines personnes aiment (ou détestent) manger épicé ?
Le piment, ce petit fruit coloré à la réputation brûlante, divise les palais. Tandis que certains en raffolent au point de saupoudrer leur pizza de flocons de chili, d'autres fuient à la seule idée de goûter un plat relevé. Pourquoi une telle différence de perception ? Qu’est-ce qui fait que nous aimons — ou détestons — manger épicé ? La réponse est aussi scientifique que culturelle. Décryptage.
🌶️ Le goût du feu : une sensation, pas une saveur
Commençons par une clarification essentielle : le piquant n’est pas un goût, mais une sensation de douleur transmise au cerveau par les récepteurs de la douleur, notamment ceux sensibles à la chaleur. Lorsque vous mangez un piment, la capsaïcine — la molécule active — se lie à ces récepteurs (TRPV1), déclenchant une réponse similaire à celle ressentie lorsqu’on ingère un objet brûlant (Lire aussi l'article Pourquoi le piment brûle-t-il ?)
C’est cette "douleur contrôlée" qui provoque une montée d’adrénaline, une accélération du rythme cardiaque, et dans certains cas, une libération d’endorphines, les fameuses hormones du plaisir. Voilà pourquoi certains en deviennent… accro !
🧠 Cerveau et piquant : une question de tolérance (et de plaisir)
Les amateurs de sensations fortes l’aiment pour l’effet euphorisant du piquant, souvent comparé à celui du sport intense. Le cerveau interprète cette brûlure comme un danger, puis répond par un cocktail chimique apaisant, qui crée une sensation de bien-être. C’est ce mécanisme qui pousse certains à chercher des sauces toujours plus fortes.
À l'inverse, les personnes sensibles au piquant peuvent avoir un seuil de tolérance plus bas, soit par génétique, soit par absence d’habitude. Leur cerveau ne compense pas (ou peu) la sensation désagréable, ce qui rend l’expérience franchement douloureuse.

🧬 Le rôle de la génétique dans la perception du piquant
Des études ont montré que la sensibilité à la capsaïcine varie d’un individu à l’autre. Certaines personnes possèdent plus de récepteurs TRPV1 que d'autres, ce qui les rend plus sensibles à la douleur induite par les aliments épicés. Cette différence génétique expliquerait en partie pourquoi le piquant est perçu comme plaisant chez certains, et insupportable chez d'autres (voir aussi notre article sur "piment et génétique").
De plus, les préférences gustatives ont souvent une base héréditaire. Si vos parents aimaient manger épicé, vous avez plus de chances d’apprécier cela aussi — à condition d’y avoir été exposé tôt.
🌍 Culture et habitudes alimentaires : un facteur déterminant
Impossible de parler de piment sans aborder la dimension culturelle. Dans de nombreux pays comme le Mexique, la Thaïlande ou l’Inde, le piquant fait partie intégrante de la cuisine traditionnelle. Les enfants y sont exposés dès le plus jeune âge, ce qui développe leur tolérance et leur goût pour le piquant.
À l’inverse, dans des cultures où les plats sont plus doux, comme en Europe du Nord, l’habitude du piquant est beaucoup moins présente. Cela peut générer une réticence naturelle et un manque d’accoutumance.
🧠 Piquant et personnalité : un lien surprenant
Selon certaines recherches en psychologie, les amateurs de nourriture épicée ont tendance à rechercher des sensations fortes (thrill-seekers). Ils seraient plus enclins à tester de nouvelles expériences, à prendre des risques modérés, et à rechercher des stimulations intenses — que ce soit en mangeant, en voyageant ou en pratiquant certains sports (on a d'ailleurs écrit un article sur le masochisme bénin ICI)
Cela ne signifie pas que ceux qui n’aiment pas le piquant sont "peureux", mais simplement que la recherche de stimulation sensorielle varie selon les individus.

💡 Peut-on apprendre à aimer le piquant ?
Bonne nouvelle : on peut s’entraîner à aimer le piquant, un peu comme on apprend à apprécier le café noir ou le fromage fort. Il suffit d’y aller progressivement : commencer par des sauces douces, puis augmenter petit à petit l’intensité. Notre coffret Boîte de Pandore est une bonne façon de se procurer des sauces à différents niveaux d'intensité. Le palais et le cerveau s’adaptent avec le temps, augmentant la tolérance et réduisant la douleur perçue.
Il existe même des challenges de dégustation de sauces ultra piquantes qui font le tour des réseaux sociaux. Ces expériences extrêmes, bien que parfois risquées, montrent qu’une grande partie du plaisir vient aussi de l’aspect social et ludique du piquant.
🔚 Conclusion : une affaire de sensation, d’habitude et d’identité
Aimer ou détester le piquant n’est pas qu’une question de goût. C’est un mélange complexe de biologie, de culture, de psychologie et d’expérience personnelle. Certains cherchent le frisson, d'autres évitent la douleur. Et entre les deux, il y a ceux qui apprennent à apprivoiser la brûlure, jusqu’à en faire une passion.